Les étapes du GR11




Un beau matin d'été...


Ceux qui ne sont jamais partis ne savent pas ce qu'ils perdent. Aveuglés par l'habitude, ils vivent au milieu de leurs semblables - mot horrible, si l'on veut bien y réfléchir - jusqu'à ne plus savoir distinguer la singularité des êtres (et la leur propre). Au lieu que le marcheur, sans cesse en mouvance, ne fait que croiser le chemin d'autrui, un bref instant : un instant pourtant où tout est dit. Vient-il à rencontrer un homme, il ne s'interroge pas sur la qualité d'une présence mais celle d'un destin. En quelques traits lui est révélé ce qui, chez le passant du hasard, vaut la peine d'être retenu: l'Autre "tel qu'en lui-même"... A ce stade, on ne fréquente plus des apparences mais des essences - si fugitives que soient les silhouettes qui leur prêtent corps. Rare privilège dont ont su faire leur fruit tous les écrivains de l'errance, et Cervantès au premier chef, pour qui la croisée des chemins est à jamais le seul lieu qui révèle son homme.

Extrait de la "Note de l'éditeur" du livre de Laurie Lee. "Un beau matin d’été". Sur les chemins d’Espagne 1935-1936. Phébus Libretto, 262 pages.

Diaporama GR 11 (juin-juillet 2009 & 2010)

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J 43 : Lundi 5 juillet 2010 : Chapelle & Embalse San Anton -> Irun -> Cabo Higuer


Dernière « ligne droite » avec une « montagne » à gravir par l’une de ses maudites pistes. Le ciel est gris mais retour du grand beau temps pour mon arrivée au Cap Higuer. Peu après l’entrée d’Irun, le balisage s’arrête net. C’était trop beau, ce nouveau balisage en Navarre ! Je tourne dans les rues avant de tomber sur la Calle Colon qui file vers Hondarribia où je tourne à nouveau en fonction des informations contradictoires des gens du coin, tous prêts à m’aider !  J’arrive finalement à hauteur de la plage d’Hondarribia. Retrouverais-je le balisage ? Nenni ! Ce n’est qu’au bout du port qu’il réapparait comme par enchantement. 


Là-haut, au bout de la route, le phare Higuer et son cap qui terminent après 40 jours et 800 km de marche, de neige, de poussière et de sueur mon objectif étalé sur deux ans ! A moi maintenant un repos bien mérité. Direction, à 100 mètres, le Camping Faro de Higer, face à l'immensité de l'océan. Un petit paradis !

J 42 : Dimanche 4 juillet 2010 : Col Lizarrieta (Venta Lizaieta) -> Chapelle & Embalse San Anton

Chant nocturne de l’engoulevent, pluie matinale... Je ne démarre qu’à 9h00, à l’heure où la Venta Lizaieta ouvre ses portes et je m’étonne de ne pas m’y engouffrer pour y prendre un cafe con leche. Je ne suis pas pressé mais après deux heures à attendre sous le tente que la pluie passe, mes jambes ont envie de se mettre en route. Ni les sommets, si le fond des vallées ne sont visibles. Lentement, toutefois, cette masse nuageuse se dissipera mais jamais le soleil ne se montrera. Pourtant, on le sent, timide, caché derrière les nuages, à diffuser ses rayons de chaleur. 

Vera de Bidassoa, deux heures plus tard. Dimanche, tous les magasins ont leurs portes closes. Mais je n’ai rien besoin de plus qu’une boulangerie et d’un bar ! Quitté Vera, les pistes se suivent et se ressemblent malheureusement. Mes pieds commencent à éprouver un réel plaisir lorsqu’ils empruntent un sentier boueux. Inexorablement, je me rapproche de la « civilisation » avec tout ce qu’elle représente de positif, de confortable... mais aussi d’anxiogène. Les lignes à haute-tension, l’autoroute en fond de vallée à la sortie de Vera gâchent le paysage visuel et sonore. Et je prends conscience aussi subitement que depuis l’entrée en Navarre, fini les floraisons d’orchidées et les prés fleuris. L’herbe est rase et les prairies peu fleuries et taillées en brosse sous la dent des ruminants. 

15h00, l’Embalse San Anton est en vue. J’ai probablement marché mécaniquement car je n’ai pas vu la Venta Olaberri. Une croix au-dessus des arbres, la chapelle San Anton est en vue. Un cadre de quiétude idéal pour se ressourcer : fontaine accueillante et plongeon dans le lac pour éliminer la sueur incrustée dans la peau ! Le lieu est tellement agréable que j’y passerai la nuit !

Bon à savoir : eau à la chapelle San Anton (sans oublier l’eau du lac, à bonne température pour une petite baignade).


J 41 : Samedi 3 juillet 2010 : Grange & Fontaine (1h45 après Elizondo) -> Col Lizarrieta (Venta Lizaieta)

Petite journée de marche... Beaucoup de pistes, de plus en plus même ! Sentiers entre fougères et châtaignier et, de temps à autre, un chêne majestueux. Trois heures de marche pour arriver à une « aire de repos » (table de pique-nique et fontaine) peu avant « Caseria Gorra », une ferme habitée et gardée par un chien grincheux. Mes bâtons de marche sont prêts à défendre mes mollets...  En chemin, je croise un grenoblois, habitué des montagnes et lesté de... 28 kg sur le dos ! Du coup, je me sens plus léger quand je redémarre ! Et peu après deux américains d’à peine 20 ans respirant la fraicheur et l’insouciance de la jeunesse.




Le Col de Lizarrieta (441 m) est atteint vers midi, après environ 5 heures de marche. Et le bar de la Venta de Lizaieta est ouvert ! N’étant pas pressé d’arriver à Irun, mon train n’étant que dans 5 jours, je passerai l’après-midi à me reposer sur la terrasse, cool... J’y croiserai d’autres randonneurs. D’abord deux randonneurs français de la région de Bayonne. Et en échangeant nos expériences, je me rends compte qu’il s’agit des deux personnes qui me précédaient peu avant le Col de l’Infierno le 23 juin et dont je suivais religieusement les traces dans la neige avant de les perdre au Col de Tabarray. Ils me confirmèrent que mon diagnostic était bon : sans crampons, le passage après le col était particulièrement délicat ! Ensuite, deux compatriotes flamands, l’un excellent connaisseur des Pyrénées parti pour 70 jours de montagne entre GR et HRP. Un véritable passionné !

17h00... Bon, il serait peut-être temps de songer à planter la tente avant l’arrivée de la pluie. Difficile de décoller de la terrasse... Je n’irai pas très loin, à peine à 200 m où une pelouse borde le GR 11 à proximité de grands hêtres...

Bon à savoir :

Tronçon bien balisé. Table de pique-nique et fontaine 3 heures après mon lieu de bivouac (« grange-fontaine »), peu avant la ferme « Caseria Gorra ». 

J 40 : Vendredi 2 juillet 2010 : Cabane 1h après le Col de Urkiaga -> Grange & Fontaine (1h45 après Elizondo).



Ciel légèrement couvert le matin quand je me réveille. Par crainte de la pluie, je fais mon sac rapidement et après un petit déjeuner éclair, je me mets en route en pressant le pas. Un vent à décorner les boucs du coin souffle sur les crêtes herbeuses dont il faut suivre les clôtures sur des kilomètres... Ciel assombri, soleil esquivant une percée : le contraste des couleurs est saisissant. En chemin, je croise à nouveau quelques personnages. D’abord Ghislain, un heureux jeune retraité qui marche selon son inspiration sur le GR 11 et le GR 10, en passant par le HRP. Ensuite, un espagnol de Lugo, la quarantaine, qui porte comme moi un sac de 18 kg. Dont la moitié de nourriture. « Es para una experiencia de autonomia » me précisera-t-il.  Son objectif : rejoindre la Méditerranée en totale autonomie alimentaire, sans aucun autre approvisionnement. Et c’est qu’il grimpe rapidement avec tous ses kg sur le dos ! 

12h00, soit 5h00 après mon départ,  j’arrive à la petite ville d’Elizondo. Priorité aux courses avant la fermeture des magasins; ensuite repos, bière et pinchos sur la terrasse d’un bar ! 13h30, je redémarre. La sortie d’Elizondo emprunte encore un nouveau tronçon de GR 11, longue grimpée entre fougères et châtaigniers en pleine floraison. Environ 1h30 plus tard, à partir de Plano de Amezti, l'ancien et le nouveau GR se retrouvent et se superposent. Mais le balisage est tellement bien marqué que mon topo-guide reste au fond du sac... 
Pause eau environ 1h30 après le départ sous des chênes remarquables avant de redémarrer pour m’arrêter environ 45 minutes plus tard à hauteur d’une grange précédée d’une fontaine
C’est là que je fais la connaissance d’Eva et Francisco, la quarantaine, de la région de Barcelone. En un mois, ils espèrent couvrir le GR 11. Avec tente, sac de couchage, réchaud, un peu de nourriture et seulement quelques vêtements, ils s’en sortent chacun avec un sac à dos d’à peine 10 kg ! Ils ont même poussé l’exploit aujourd’hui d’emporter sans les casser des œufs qu’ils cuisinent sur le butagaz. Ils m’informent que la prochaine source est à au moins 3 heures de là; aussi je décide de ne pas poursuivre, de vite me laver car le ciel menace. Quelques petits m² en bordure du chemin accueilleront ma tente. 17h00, la brume recouvre le paysage, 18h00 il pleut... 

Bon à savoir :


  • Nouveau tronçon de GR 11 en Navarre décrit sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF). 
  • Avant Elizondo : Lorsque le sentier se transforme en piste (soit deux bonnes heures après la Cabane), cabane avec table et robinet d’eau. 5 minutes et environ 1 heure plus tard, une fontaine.
  • Après Elizondo : robinet d’eau et tables de pique-nique au pied de chênes remarquables environ 1h30 après la ville. Source environ 45 min minutes plus tard (grange ou j’ai bivouaqué), tous les deux renseignés dans le topo-guide. 


J 39 : Jeudi 1er juillet 2010 : Burguete (Auritz) -> Cabane 1h après le Col de Urkiaga

Burguete étant sur la route des pèlerins matinaux, c’est tout naturellement que le bar « El fronton » ouvre ses portes dès 6h30, un exploit pour un bar espagnol qui, généralement, n’ouvre pas ses portes avant 9h00 du matin. Lorsque j’arrive, s’y trouvent déjà un couple d’italien portant leurs affaires dans une charrette à deux roues, un couple d’allemand typé avec leur petit sac au dos, et un cycliste blond et filiforme, je l’aurais juré, un hollandais ! Et du bar, j’en vois une dizaine d’autres filer sur la route. 8h00, après deux cafés et un morceau de cake aussi léger qu’une madeleine, je redémarre... car moi aussi j’ai un cap à atteindre, celui de Higuer, mon Finistère à moi.

Première surprise, le GR au lieu de filer plein ouest pour remonter ensuite vers le NO (cf. topo-guide), m’envoie une fois encore vers un nouveau tronçon du GR 11, plein Nord, ensuite NO, jusqu’à Sorogain. A partir de là, l’ancien et le nouveau se retrouvent et se superposent. Dans tous les cas, no stress, le balisage est excellent ! La première partie jusqu’à Sorogain passe au-dessus des collines herbeuses dont « un 1194 m », le Mendixuri

Ici, les alouettes lulu et des champs se disputent le paysage sonore tandis que le tarier pâtre et le pipit des arbres ont depuis longtemps remplacé leurs cousins montagnards, les traquets motteux et pipit spioncelle. Quant aux fauvettes à tête noire, elles n’arrêtent pas de me surprendre dans cette région avec leur chant vraiment très particulier terminé par un « di-du-di-du-di-du-di-du-di-du-di-du... »  

Le bar-restaurant de Sorogain, en travaux, proposera bientôt aussi l’hébergement. Dans le bâtiment à côté, un centre d’info touristique, ouvert. Le GR longe le ruisseau Sorogain avant de remonter le ruisseau (Erreka) Odia à travers une splendide forêt de hêtre. Aujourd’hui, les rencontres se succèdent... Dans la montée, un catalan échevelé, la soixantaine qui vient de débuter le GR au Cap Higuer. Un montagnard expérimenté qui a escaladé pas mal de sommets. Pour l’heure, il me propose du vin dont il porte chaque jour une bonne bouteille. "Non merci, jamais pendant la rando", lui dis-je ! Au sommet, je débouche sur un col herbagé au pied de l’Adi (sommet : 1457 m). Paysage ouvert de courte durée car le GR se poursuit bientôt sur une piste forestière monotone qui descend jusqu’au col forestier de Urkiaga (912 m). 

Double déception à Urkiaga : d’une part, le robinet d’eau renseigné par le topo-guide à l’extérieur de la cabane est « mort » depuis longtemps ; d’autre part, le col est entièrement boisé, impossible de planter une tente. Je n'ai pas d’autre choix que de continuer ! Dans la montée, je croise simultanément Jean, la quarantaine, un sympathique randonneur qui tient un gîte à Decazeville, Les Volets bleus, sur le Camino francès, à 20 km de Conques. Ensuite un espagnol de Zaragoza, la trentaine qui porte un double sac, un grand visiblement lourd sur le dos et un plus petit sur le ventre. Finalement, je ne suis pas à plaindre...  Et enfin, Lara, un jeune de Pamplona... Avec le début des vacances d’été, les randonneurs deviennent plus nombreux sans que l’on puisse déjà parler d’affluence... 

Une heure après le Col d’Urkiaga, une cabane avec l’inscription « Zaguako Etxola » qui signifie tout simplement la cabane de Zaguako, comme me l’expliquera son propriétaire, Michel, que je rencontrerai plus tard ! Vue superbe, robinet d’eau... c’est ici que je plante ma tente !  

Bon à savoir : Nouveau tronçon de GR 11 en Navarre décrit sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF). Le bar-restaurant de Sorogain proposera bientôt aussi l’hébergement.  Il est conseillé de faire le plein d’eau à Sorogain ! Ensuite, eau provenant de sources dans la montée forestière qui suit. Egalement une source à faible débit (permanente ?), 5 min. après le col herbagé au pied du col Adi, côté droit du chemin.  Ensuite, rien jusqu’au col d’Urkiaga (col forestier, impossible de camper). Une heure après le col d’Urkiaga, cabane « Zakuako Etxola » (possibilité de bivouac) avec robinet d’eau extérieur (sinon, ruisseau 100 m en amont de la cabane).

L’histoire peu banale des Alduves et du Traité de Bayonne !


Nous sommes ici dans le « Pays Quint », comme l’explique mon topo-guide et divers sites internet. A l'origine, cet espace s'étendait sur environ 20 000 ha, sur les 2 versants pyrénéens. Ainsi, depuis des temps immémoriaux, la vallée de Baigorri (au nord) et la vallée de Erro (au sud) utilisent en commun cette vaste pâture de lande. 
Cette situation est une particularité et un vestige de l’ancien royaume de Navarre, une enclave basque neutre entre la France et l’Espagne qui formait un territoire indivis, réglementé par une juridiction de conventions pastorales de bon voisinage, d'abord orales puis écrites, pour être transformées en traités internationaux (
PDF). 


A la fin du XV° siècle, dans la vallée de Baigorri, la population se met à croître, empiétant sur les pâturages et engendrant des conflits qui seront réglés en 1856 par la signature, à Bayonne, d'un traité fixant les limites des territoires. La France céda une partie de la Vallée de Baigorri - Pays Quint - en échange de pâturages dans les Hautes Pyrénées, l'Espagne acceptant la frontière tracée au milieu du fleuve de la Bidassoa. Ce Traité de Bayonne confirma ainsi la séparation entre Haute-Navarre espagnole et Basse-Navarre française, en précisant que « Les habitants de Baïgorry acquerront la jouissance exclusive et perpétuelle de ces pâturages moyennant une rente annuelle de huit mille francs (...)»  Michel, le propriétaire de la cabane, me résume la situation : « La terre est espagnole mais l’herbe est française et seuls les moutons français ont le droit de pâture ». De nos jours, cette enclave espagnole de 2500 ha située au bout de la vallée des Alduves est habitée par une trentaine de français mais cédée à perpétuité par l'Espagne à la France contre une redevance annuelle. 


Le courrier, le téléphone, et l'électricité sont du ressort de la France tandis que la police, la douane relèvent de l’Espagne. De même, les impôts fonciers sont payés en Espagne, la taxe d'habitation en France !  Quant à l'entretien des routes, il dépend du syndic de la vallée de Baïgorry. Une clôture de fil de fer barbelé que suit partiellement le GR 11 marque les limites de ce territoire.  




Dans un accord additionnel à la convention de 1858, on reconnait également un chemin sur lequel la police ne peut exercer ni action, ni surveillance et ainsi ne peut être exigé de leurs propriétaires le paiement d'aucun péage. Long d'environ 12 km, ce chemin appelé « neutre » est reconnu international. Ce "chemin neutre" permet aux troupeaux de la vallée du Baztan de se rendre dans la région de Burguette et Valcarlos (territoire Espagnol), en traversant Les Aldudes (territoire français). Un traité vraiment très particulier qui pourrait peut-être inspirer la Belgique pour régler, avec le surréalisme qu’on lui connait, les problèmes communautaires liés au conflit entre droit du sol et droit des gens...


Sources historiques

J 38 : Mercredi 30 juin 2010 : Villanueva (Hirriberi) -> Burguete (Auritz)

Nuit tranquille à la sortie du village de Villanueva. Si hier, mon enthousiasme était au rendez-vous tant les paysages traversés étaient divins, aujourd’hui je déchante un peu. Les prés et les forêts sont certes agréables mais rien d’extraordinaire au regard de la plupart des paysages traversés jusqu’ici. Les collines sont également plus émoussées, mais je dois me faire une raison, au fur et à mesure que je m’approche de mon but, je ne dois pas m’attendre à retrouver les hautes montagnes que j’ai abandonnées en rentrant en Navarre après Zuriza.

De Villanueva à Orbara, une heure de marche à peine. L’église accueille une extraordinaire colonie de martinet noir qui volent en tout sens en criant énergiquement. Ce sont les seuls êtres vivants à 8h30 du matin à donner un peu de vie au village. Un café-restaurant (fermé à cette heure) et quelques casa rurales, rien de plus ! Par delà l’église le GR grimpe lentement à travers les buis à l’odeur si caractéristique pour rejoindre des prés de fauche et des forêts de hêtre sur la plus grande partie. 5 heures de marche plus tard, j’arrive clopinant à Burguete avec la ferme résolution d’enfin soigner mes ampoules purulentes. 

Peu avant le village, deux tables de pique-nique et un hêtre aussi vieux que le monde m’accueillent en bordure d’une rivière. C’est là que je bivouaquerai. Le magasin à l’entrée du village ouvre à 16h00, la terrasse du bar « El fronton » à côté de l’église me satisfait en attendant ! Quelques signes ne trompent pas : balises jaunes, menu des peregrino, marcheurs fringants et peu chargés... : à quelques kilomètres de Roncesvalles, Burguete est en effet situé sur le « Camino Francès » ! Et il parait qu’Hemingway est aussi venu se perdre dans ce village où il aurait trouvé l’inspiration pour plusieurs de ses romans...

Bon à savoir : Nouveau tronçon de GR 11 en Navarre décrit sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF). Un café-restaurant et des casa rurales dans le village d’Orbara. Toutes les facilités à Burguete (bar-restaurant, boulangerie, hôtels, superette, pharmacie...).

J 37 : Mardi 29 juin 2010 : Ochagavia -> Villanueva (Hirriberi)

Qui a dit qu’en Navarre le balisage du GR 11 était médiocre ? Si c’était une réalité jusqu’à un passé récent, les choses ont bien changé depuis. Non seulement des panneaux introduisent chaque étape mais les balises sont nombreuses et judicieusement installées (sauf cas particulier). Mais en outre, comme c’est le cas sur cette étape et la suivante, les gestionnaires du GR ont judicieusement, je crois, fait dévier l’itinéraire initial de 3 étapes passant par Casa d’Irati (étape 34 topo-guide) puis par Fabrica de Orbaiceta (étape 35) et Burguete – Auritz (étape 36) par deux nouvelles étapes :
  • Ochagavia -> Villanueva (étape du jour)
  • Villanueva -> Orbaiceta -> Burguete – Auritz (étape du lendemain)


Vu ces changements, une description s’impose. Le début du parcours jusqu’au sommet du jour (1430 m !), El Paso de las Alforjas, n’a pas changé. Mais ensuite, de ce vaste col herbeux :
  1. L’ancien GR 11 est transformé en GRT-9 (+ connection vers GR 10 Okabe et ses « Cromlechs » où en juillet 2008 j’avais fait la connaissance de Pancho, un sympathique berger).
  2. Le nouveau GR 11 file en direction ouest sur une croupe herbeuse offrant une vision à 360°, avant de croiser une route au lieu-dit « Tapla » et de poursuivre plein ouest sur une « piste blanche » (à noter, un abreuvoir-fontaine à 5 minutes de marche sur la droite de la piste). Cette piste se transforme ensuite en chemin terreux puis en piste bétonnée. Là, STOP ! Ne descendez pas cette piste bétonnée, vous devez suivre le balisage (peu visible au début) et des Cairns, plein ouest en direction d'escarpements calcaires. Là vous longerez des falaises et des hêtraies calcicoles de toute beauté, avant d’emprunter, environ ¾ heure plus tard sur la gauche, une goulotte qui descend dans la vallée, vers Villanueva. A noter 2 abreuvoirs fontaines avant le village.  Ce nouvel itinéraire du GR 11 me semble avantageux tant les paysages parcourus (croupes herbeuses, hêtraies calcicoles, escarpements rocheux...) me paraissent - mais je peux me tromper - plus variés que les paysages forestiers de l’ancien tronçon du GR 11 vers Casa d’Irati.


Journée riche en rencontres aussi. D’abord, Yves, un français quinquagénaire qui, épuisé par son étape de la veille, n’a pas eu l’énergie d’atteindre Ochagavia. Il a donc bivouaqué au Sanctuaire de Musquilda (présence d’eau). Nous nous échangeons bons plans et conseils et c’est avec regret que je le quitte car nous aurions certainement beaucoup de choses à échanger... Une heure plus tard, au détour d’un chemin, un grand maigre, sac au dos, devancé par un âne bâté. Nous commençons à papoter en anglais puis très vite en espagnol. Lui, c’est Axel, un allemand arborant une barbichette à la Don Quichote. Son âne, c’est Federico, un extremeño (habitant d’Extremadure) qui l’a accompagné sur le chemin de Saint-Jacques « Via de la Plata », celui-là même que j’ai parcouru en automne 2008 (lien vers mon blog "Via de la Plata"). Et ensuite, il a poursuivi par le Camino Norte et le GR 11 qui le mèneront sur la Voie d’Arles vers Marseille avant de remonter en Allemagne. Quelques mois de belles randonnées en perspective ! Son parcours n’est pas passé inaperçu : une émission TV et plusieurs articles leur ont été consacrés (article 1article 2). Etonnante rencontre ! Buen Camino Axel et Federico ! 

A Villanueva, le nouveau balisage se perd dans le village. Il faut se diriger plein nord, par la route principale où l’on retrouve le balisage bien marqué. Je suis surpris de découvrir des horreos, ces greniers en pierre comme on en voit beaucoup en Galice et qui servaient auparavant à préserver les denrées périssables à l'abri des rongeurs. Reposant sur des piliers et des traverses plates, ils empêchent ces derniers d'atteindre les provisions ainsi stockées.

Bon à savoir
: Nouveau tronçon de GR 11 en Navarre décrit sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF). Eau et table de pique-nique au Sanctuaire de Musquilda (1 heure après Ochagavia). Présence d’un abreuvoir-fontaine à 5 minutes de marche sur la droite de la  « piste blanche », après le croisement avec la route au lieu-dit « Tapla ». Deux autres, plus loin, entre les falaises calcaires et le village de Villanueva. Cabane de berger (mais pas d’eau) relativement correcte pour bivouaquer (sol en béton), 300 m avant le Paso de las Alforjas. Aucune facilité (pas de bar, restaurant ou hébergement) au village de Villanueva.


J 36 : Lundi 28 juin 2010 : Isaba (bivouac >1h30) -> Ochagavia

Ce matin, ce devait être une petite étape de 4h00 de marche pour arriver à Ochagavia. Aussi, je n’enclenche pas mon réveil matinal. Mais le rythme biologique infernal est lancé et maintenant inscrit dans mon corps : à 7h00, je suis en route. La première partie, un peu plus d’une heure, est agréable, bercé par le carillon des moutons et des vaches sur des collines verdoyantes... Mais la « piste blanche » qui suit est particulièrement « casse-pied ». 
Aujourd’hui, je me sens fatigué, épuisé même, malgré mes longues heures de sommeil de la veille. Je regarde à peine le paysage mais comme il est en grande partie caché par les forêts de pins que je traverse, je ne perds pas grand-chose... Vu mon état de fatigue, je n’irai pas plus loin qu’Ochagavia aujourd’hui. 



Les prix des hôtels sont prohibitifs selon l’office du tourisme qui me renseigne un camping à la sortie du village, le camping Osate, où je me prends un lit dans un dortoir de 6 personnes. Coût, 11.20 €,  à peine plus cher que le prix pour une personne sous tente, mais aujourd’hui j’aspire à dormir sur un matelas plus épais qu’1 cm. Et tant pis pour les ronfleurs, j’ai mes boules quiezz ! Le « pain-saucisse » et les deux bières que je m’enfile risquent de me faire perdre tous les bénéfices des 1O premiers jours d’une vie sans excès à ne boire que de l’eau et grignoter des galettes avec un bout de fromage ou de chorizo.  Mais bon, c’est tellement bon, ce gras qui suinte sur le pain ! Enfin un peu de repos sans avoir le dos courbé sous le poids du sac ! Il fait bon flâner à l’ombre des ruelles pavées d’Ochagavia, endormies à l’heure de la sieste...

Bon à savoir : Nouveau tronçon de GR 11 en Navarre décrit sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF).

J 35 : Dimanche 27 juin 2010 : Camping de Zuriza -> Isaba (bivouac 1h30 > dans les bois)

Aujourd’hui pour ne pas me faire prendre par les orages, je décide de partir encore plus tôt : 6h30. La route monte du camping vers les portes de la Navarre qui annonce un tout nouveau visage, moins montagnard, plus collinéen : le Pays basque. Le ciel est nuageux et c’est tant mieux pour marcher, tant qu’il ne se décide pas à me tomber sur la tête. Du col où l’on culbute en Navarre, il faut grimper, une première fois dans une hêtraie où un chevreuil et, plus loin, une laie suivie par un petit marcassin s'enfuient à mon passage. Je reste sur mes gardes, sait-on jamais que le chemin retraverse son territoire. Après plus d’une heure, le sentier forestier se poursuit en terrain calcaire par une sente raide et caillouteuse. De l’organique (vieille hêtraie climacique) au minéral (roche nue), la transition est nette, sans appel. 

Péniblement, je grimpe sur l’arrête arrondie du Pic d’Ezkaurre (2047 m) et me fait dépasser par une jeune espagnole qui fait un aller-retour en trail. Je ne suis pas encore arrivé au sommet qu’elle me dépasse à nouveau dans l’autre sens. Facile sans un sac de 18 kg sur le dos ! ;-) Le sommet offre une vision minérale, austère... avec ses lapiazs. Je ne suis pas au bout de mes peines. M’attend une de ces descentes par un couloir d’éboulis et de lapiaz tranchants. Je progresse lentement, péniblement, et remercie le ciel de ne pas devoir faire ce tronçon sous la pluie, le calcaire étant particulièrement glissant par temps de pluie. 

Le lac d’Ezkaurre (1680 m), au pied du couloir... est en vérité seulement une grande mare. Et voilà la Navarre annoncée, avec de nouveaux paysages, des collines rebondies et verdoyantes. Dans le ciel, les vautours se font plus nombreux et j’observe mon premier Gypaète barbu. « Quebrantoahuesos », c’est son nom en espagnol qui signifie « qui brise les os », caractéristique de ce charognard proche des vautours qui laisse tomber de très haut des os sur des rochers pour les briser et en recueillir la moelle. La suite de la rando n’est qu’une balade reposante. En chemin, un espagnol, pensif, assis sur un vieux tronc me complimente pour mon départ matinal. « Al que madruga, Dios lo ayuda », me dit-il. L’équivalent de « La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt ». 



Isaba, 13h00. Le GR passe par le village et aboutit à une fontaine vivifiante avant d’atteindre la route principale. Il y a affluence sur  la petite place en face du bar. C’est bon signe et la cerveza, les tapas, et la clara sont tour à tour absorbés ! Je fais le tour du village, admirable mais mort en ce dimanche après-midi. Trop calme ! Je ne me vois pas y passer l’après-midi. Je décide de continuer sans trop savoir où je pourrai m’arrêter. Si possible là où un terrain plat et un point d’eau m’attendent. De l’eau, il y en aura en abondance avant de grimper au sanctuaire d’Odoya – ou Idoia – mais pas de terrain plat. Et l’inverse au sanctuaire où malheureusement le camping est formellement interdit. Je suis condamné à poursuivre... Le chemin grimpe, je sue, j’ai soif et l’orage au loin semble se rapprocher. Je me sens en mauvaise posture car je manque à présent d’eau et sur ces terrains pentus, impossible de planter une tente. Pas le choix, je dois poursuivre, encore... Un ruisseau forestier, j’y fais le plein d’eau. La source ne doit pas être loin mais je suis prudent en y ajoutant une pastille désinfectante.  J’accélère le pas car le ronflement de l’orage se fait plus présent tandis que le vent se lève. Croisée de plusieurs GR au milieu de la forêt... et quelques m² de terrain plat. Ni une, ni deux, pas envie que l’orage me tombe dessus, je plante ma tente ! Et à peine est-elle montée que le ciel déverse pluie, grêle...  pendant plusieurs dizaines de minutes. J’ai été bien inspiré.

Bon à savoir : le topo-guide mentionne un balisage médiocre en Navarre. Depuis 2009, celui-ci a été entièrement refait et de nouveaux tronçons ont été créés dans cette région entre Zuriza et Irun. Le topo-guide n’est donc plus que très partiellement utile pour ce tronçon et les suivants.  Le nouveau balisage est très bon à excellent jusqu’à Irun. Vous pouvez toutefois télécharger, pour vous guider, un topo-guide (espagnol) et des cartes de ces nouveaux tronçons sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF).

J 34 : Samedi 26 juin 2010 : La Mina -> camping de Zuriza (en passant par le Collada de Petraficha)

6 heures au lieu des 4 prévues : sac à dos trop lourd, ampoules douloureuses... les données inhibitrices d’une rando optimale n’ont pas changé !  Des orages sont annoncés dans la journée. Aussi, je souhaite arriver tôt au camping de Zuriza ! Début un peu laborieux. La faute aux imprécisions du topo-guide et au balisage, absent dans la montée vers le plateau herbeux. En clair, il n’y a pas de balisage et il faut grimper tout droit, azimut NNW. Sur le plateau herbeux qui surplombe une bâtisse en pierre occupée par des vaches, le balisage reprend. Le soleil est voilé, caché derrière des nuages qui sont en train de se former. Lumière belle et douce pour les photos... mais annonciatrice d’une météo moins avantageuse.

Sous le Col (Collada de Petraficha), une carcasse de brebis git dans la caillasse, la peau sur les os. Et une odeur forte se dégage des lieux, pas celle du cadavre vidé de sa substance mais plutôt un relent de guano.  Mon regard scrute les environs : des fientes blanches sur de gros cailloux, des plumes dans l’herbe dont certaines de grande taille (env. 40 cm de long)... La reconstitution du « crime » est aisée : ici s'est rassemblé un groupe de vautours qui se sont disputés la dépouille de la pauvre bête. 


La vue du col à 360° est superbe. Les montagnes calcaires qui se profilent à l’horizon sont comme de grosses molaires grises. Malheureusement, le sentier encombré de cailloux et les ampoules aux pieds m’empêchent d’avancer rapidement. Je ne suis pas pressé, il faut juste que j’arrive avant l’orage. Camping de Zuriza en vue, 15h l’orage tonne, brouhaha général, refuge au bar du camping pour le reste de l'après-midi... Ella Maillart, avec Croisières et Caravanes, me détourne vers d’autres horizons : Kirghizstan, Turkestan, Chine... D’autres montagnes, d’autres aventures palpitantes...

Bon à savoir : source au pied du Col de Petraficha + source le long de la piste entre Refugio de Texaras et le Camping de Zuriza.

J 33 : Vendredi 25 juin 2010 : Refuge Canal Roya -> La Mina, en passant par Candanchu









Aujourd’hui,  10ème jour de marche. Je suis à mi-parcours. Reste environ 10 jours et 200 km avant d’atteindre le Cabo Higuer – Cap des Figuiers sur la côte Atlantique. Les militaires et moi, nous avons un point commun, le rythme biologique qui est identique : lever à 6h00, départ à 7h00. A peine ai-je démarré que, derrière moi, me rejoint une ligne de plusieurs dizaines d’individus, telle une piste de fourmis légionnaires en route vers je ne sais quelle providence. Je m’arrête pour laisser passer le flux mais au loin la piste est toujours aussi continue. Combien sont-ils ? 200, peut-être plus... Aussi, je profite d’un trou dans le groupe pour me fondre parmi ces hyménoptères armés.

Deux heures trente plus tard, Candanchu ; la station de ski m’apparait comme une ville morte, désertée après un cataclysme estival. Nombre de bâtiments modernes montrent déjà de traces d’usures avancées causées par les rigueurs du climat hivernal. Je déambule dans les rues fantômes à la recherche d’un improbable bar. C’est ainsi que je passe devant le Refuge où je me prends un café et un jus d’orange avant de redémarrer tout de go. Le reste du village est tout aussi désert et sinistre. Pas âme qui vive... Pas de traces de balisage dans le village mais le jeune responsable du refuge m’explique qu’il faut dépasser le parking des pistes de ski (en passant devant les casernes militaires) pour retrouver les marques du GR. Et d’absence de balisage dans le village on passe à un sentier hyper-balisé tous les 10 mètres. Essayez de comprendre la logique...

Le GR parcourt des prés (présence d’une source d’eau) avant de rejoindre une hêtraie calcicole richement fleurie de muguets, aspérule odorante, lathrée pourpre... Ensuite, à nouveau des paysages ouverts jusqu’au Lac d’Estaëns (ou Ibon Estanes), en passant par un petit morceau de France. Les montagnes avoisinantes se reflètent dans le lac. Superbe ! 




Poursuivant mon chemin, petite grimpée au sud du Lac en direction d’un petit col. Mais mon inattention et/ou la neige des névés recouvrant les marques me fait grimper trop haut vers un autre col dont la crête est délimitée par des barbelés. Et dans la foulée, aussi, un groupe de cinq randonneurs basques qui suivent mes traces, parmi lesquels une personne... de 80 ans qui grimpe encore comme un cabri ! 
18 kg sur le dos, « Haces una penitencia » (tu fais une pénitence) me dit l’un d’eux en jaugeant le poids de mon sac ! Le GR est quelque part en contrebas, c’est sûr, et nous coupons à travers les névés pour retomber 300 mètres plus bas sur le GR bien balisé. Il descend vers Aguas Tortas, un immense plat herbeux pâturé par des vaches, des chevaux... et sillonné par les méandres d’un ruisseau. 


16h00, j’atteins la Cabane de Loma où je sympathise avec Luis, 39 ans, originaire de Gijon qui parcourt, comme moi, le GR 11 sur deux ans. On s’informe des bons plans, moi des passages enneigés difficiles, lui d’un itinéraire GR 11 bis aux alentours de Casa d’Irati. Peu après, dans la descente, je croise un de ses camarades de route, Augusto, la cinquantaine, originaire de Zaragoza. Son sac ne fait que 13 ou 15 kg... mais rien que son appareil photo pèse 1,5 kg ! Chacun ses priorités ;-) Je suis fourbu mais je continue car demain je veux faire une petite étape pour arriver tôt au camping de Zuriza, me reposer et profiter du lieu. Aussi, il me faut descendre le plus loin possible vers la vallée, juste avant la montagne qui lui fait face et que je grimperai demain. Je ne sens plus mes pieds mais je marche... 


Ce qui ressemble à La Mina renseigné dans le guide est un bâtiment fermé en piteux état dont les alentours sont totalement « minés » de bouses et de trous causés par les sabots des vaches. Camper ici, sans façon ! Et c’est ainsi que je continue jusqu’à la piste qui croise différents GR et plante ma tente dans un des prés au bord de la rivière. Ni une, ni deux, je me retrouve rapidement à poil dans l’eau glaciale ! Après la souffrance, la délivrance... Le reste s’enchaine rapidement. Au menu, ce soir : chipirones rellenos, pâtes... Et puis dodo !

Bon à savoir : source – fontaine au Parking de la piste menant à La Mina + une autre entre ce parking et La Mina.